Réalisation d'enduits en terre crue et à la chaux
Avant 4 degrés, c’est aussi une activité de réalisation d’enduits naturels dans le sud et l’ouest parisien (Yvelines, Essonne, occasionnellement Val-d’Oise, Eure-et-Loir et Seine-et-Marne). Après plusieurs chantiers participatifs, j’ai été formée à la réalisation d’enduits en terre crue par Noria Formation et à la chaux par l’École Européenne de l’Art et des Matières.
Le matériau terre
La terre crue est un matériau millénaire, pourtant tombé en désuétude dans nos sociétés occidentales. Elle retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesse grâce au travail de réhabilitation mené par les artisan.es, associations et collectifs depuis les années 70. Les qualités thermiques, hygroscopiques et acoustiques de ce matériau géosourcé le rendent désormais presque incontournable en rénovation du bâti ancien. Mais la terre crue, pouvant revêtir de nombreuses couleurs et finitions, est un matériau polyvalent ayant aussi tout à fait sa place dans un intérieur contemporain.
Le matériau chaux
Très répandue dans le bâti ancien, la chaux est issue de la cuisson de matériaux composés de carbonate de calcium, comme la pierre calcaire. Les calcaires les plus purs fournissent la chaux aérienne, qui fait sa prise à l’air, tandis que ceux contenant de l’argile, de la silice et d’autres éléments produisent la chaux hydraulique, qui fait sa prise à l’eau. Le calcaire est dans un premier temps chauffé à environ 900°C pour obtenir de la chaux vive, qui sera ensuite éteinte pour obtenir de la chaux aérienne. Les calcaires contenant des impuretés ont besoin d’une température légèrement plus élevée, autour de 1100°C, pour la fabrication de la chaux hydraulique. Comme l’argile, la chaux est appréciée pour sa perméabilité à la vapeur d’eau et sa capacité à gérer l’humidité, tout en étant résistante à l’eau liquide. Elle possède également des propriétés bactéricides et fongicides. Additionnée à de la paille de chanvre (ou chènevotte), posée sur une épaisseur d’au moins 6 cm, elle permet d’obtenir une correction thermique.
Enduits de corps et de finition
Il existe différents types d’enduits :
- l’enduit de corps (ou corps d’enduit) permet de corriger les défauts de planéité du mur. Il contribue à limiter la fissuration de l’enduit de finition lié au retrait. Il permet également d’obtenir des surfaces parfaitement lisses si on le souhaite (car les petites variations de planéité et de finition font aussi partie du charme des enduits naturels !). L’épaisseur du corps d’enduit est généralement de 10 à 20 mm. Dans certains cas, pour rattraper un support très irrégulier ou pour apporter de l’inertie, il peut atteindre plusieurs centimètres. Il est composé d’un liant (argile ou chaux), de sable de granulométrie moyenne et le plus souvent de fibres (paille de blé, chanvre).
- l’enduit de finition est beaucoup plus fin que l’enduit de corps (2 à 5 mm). Il se compose également d’un liant et de sable (de grain plus fin que pour l’enduit de corps). On peut aussi y ajouter des fibres (paille hachée, paillettes de lin) et des pigments. Le rendu sera différent selon l’outil utilisé : finition talochée, lissée, épongée, grattée… Il existe également des enduits encore plus fins (< 2 mm), dit « de décoration », comme les stucs.
L’application d’enduits implique un temps de séchage. Il peut varier de quelques jours à plusieurs semaines selon le type de support et l’épaisseur de l’enduit.
Un réseau d'artisanes
Je travaille avec d’autres artisanes de l’Île-de-France comme Aurélie Massé de l’entreprise Matières Vivantes, également membre du réseau Archi Possible.
Réalisation d’enduits en terre sur une maquette en bottes de paille pour la matériauthèque du Parc Naturel Régional du Vexin Français dans le cadre d’un projet tutoré par Aurélie Massé (crédit photo : PNRVF)