L'autorénovation accompagnée, un levier oublié par les politiques publiques #1

L’autorénovation, qui consiste pour les occupants d’un logement à réaliser eux-mêmes au moins partiellement leurs travaux, est loin d’être anecdotique. Le nombre démesuré de comptes Instagram d’autorénovateurices en témoigne…
L’autorénovation constituait 29% des gestes de rénovation réalisés entre 2017 et 2019 d’après l’enquête TRÉMI 2020, dont 3% avec l’accompagnement d’un professionnel [1]. Pour les particuliers, l’autorénovation constitue une réponse au frein économique et au manque d’artisans, leur permettant d’investir le budget économisé dans la main d’œuvre dans des gestes plus performants ou dans des matériaux de qualité comme les isolants biosourcés.
Lancée par l’ANAH en 2015 à destination des ménages précaires, l’Auto-Réhabilitation Accompagnée (ARA) revêt aujourd’hui des formes différentes. Deux modes d’accompagnement se distinguent chez les professionnels : une autorénovation mixte où le maître d’ouvrage et le professionnel réalisent des gestes différents ou une autorénovation coopérative impliquant un travail simultané des deux parties sur un même geste et un véritable transfert de savoirs [2]. Cette démarche pédagogique peut aller jusqu’à la gestion de chantiers participatifs où interviennent des bénévoles, souvent novices, impliquant des compétences allant au-delà du champ technique pour l’accompagnateur.
Chez Archi Possible, nous privilégions la coopération, avec pour objectif la montée en compétences des habitants. Dans la plupart des cas, les « effets utiles », comme on dit dans le monde de l’EFC (économie de la fonctionnalité et de la coopération), vont bien au-delà de la simple acquisition de connaissances techniques. C’est aussi un moyen de (re)prendre confiance en soi et pour certains de sortir d’une forme d’isolement.
Et vous, pros du bâtiment, pratiquez-vous l’ARA ? Sous quelles modalités accepteriez-vous de le faire ? Un collectif composé de l’AJENA, ALTERRE, CAE Bat et Aurore Dudka vous propose de répondre à une enquête menée dans le cadre de l’appel à expérimenter Coop’Réno de l’ADEME.
[1] Observatoire national de la rénovation énergétique (2022) – La rénovation énergétique des logements. Bilan des travaux et des aides entre 2016 et 2019, 120 p.
[2] Marquet S., Jimenez C., Beaudeigne A., Combes G., Saboret A.-S., TBC Conseil et innovation, ADEME (2023) – Auto-rénovation accompagnée – Impacts et perspectives économiques pour les entreprises du bâtiment. Synthèse, 13 p.