Humidité #5 : les efflorescences et le salpêtre

Le salpêtre est parfois confondu à tort avec des moisissures, mais il fait partie du règne minéral (le mot « salpêtre » vient du latin salpetrae qui signifie « sel de pierre »), tout comme les efflorescences.

Les efflorescences correspondent à la transformation de sels cristallisés en des concrétions pulvérulentes par évaporation de leur eau de cristallisation. Observables aussi bien sur des murs en brique, en pierre ou en parpaing de ciment, les efflorescences peuvent aller d’un simple voile à des concrétions plus ou moins pulvérulentes. Leur apparition peut être liée à la qualité de la maçonnerie, mais aussi aux conditions de montage et notamment à l’action de la pluie sur le mortier de jointoiement (Philipparie & Thomas, 2023).

Si les efflorescences peuvent altérer l’esthétique d’une façade, elles n’ont en revanche aucun impact sur sa pérennité. Attention donc à ne pas faire plus de mal que de bien en cherchant à s’en débarrasser (préférer un microsablage à l’utilisation de produits acides).

La salpêtrisation se produit lorsque de l’eau liquide remonte dans le mur, entraînant avec elle des bactéries qui vont être à l’origine de dépôts. Chimiquement, le salpêtre correspond au nitrate de potassium, couramment utilisé comme engrais azoté dans l’agriculture, comme conservateur de produits alimentaires ou… comme oxydant dans les explosifs. Jusqu’au début du XXe siècle, le salpêtre était même « récolté » (Guillerme, 2008). Contrairement aux moisissures qui peuvent être toxiques par inhalation, le salpêtre n’est toxique que par ingestion. Le nitrate de potassium est même cancérogène avéré (ANSES, 2022, p. 14-15).

On distingue deux familles d’enduits anti-salpêtre à base de chaux : les enduits « barrière », qui vont empêcher le passage des sels tout en laissant l’humidité s’évacuer, et les enduits sacrificiels, qui vont se charger de sels et que l’on devra faire tomber et refaire au bout de quelques années.

ANSES (2022) – Évaluation des risques liés à la consommation de nitrates et nitrites, avis révisé de l’ANSES, rapport d’expertise collective, 306 p.

Guillerme A. (2008) – La puissance des ruines : la récolte du salpêtre à Paris (1760-1840), in Il reimpiego in architettura : recupero, trasformazione e uso, publications de l’École Française de Rome, 418, p. 443-449

Philipparie P., Thomas J.-L. (2023) – La pathologie des façades, CSTB Éditions/AQC, 132 p.