Funérailles écologiques
En tant qu’ancienne archéologue de la mort reconvertie dans la construction écologique, la question de l’impact de nos pratiques funéraires n’a pas pu m’échapper.
Seuls deux modes de sépulture sont autorisés aujourd’hui en France suite à la loi sur la liberté des funérailles de 1887 : l’inhumation et la crémation. Le cas de la crémation est intéressant dans l’histoire des pratiques funéraires car elle était perçue comme un manque de considération pour les morts : deux ans se sont écoulés entre son autorisation et la première crémation ! Aujourd’hui, les différentes associations crématistes avancent des chiffres autour de 40%. Les pompes funèbres sont obligatoires, ainsi que la toilette du mort (≠ thanatopraxie) et le recours à un cercueil.
Nos pratiques funéraires ont un impact négatif sur l’environnement : la thanatopraxie consiste à injecter des produits biocides pour retarder la décomposition du corps. Les cercueils sont généralement faits de bois nobles ou exotiques. L’inhumation en caveau est le pire scénario en termes d’émissions de CO2 car la fabrication du béton est très énergivore et les monuments funéraires sont majoritairement faits en granit, dont la Chine et l’Inde sont les principaux exportateurs [1]. La crémation n’est pas en reste, puisqu’elle consiste à brûler le corps à haute température dans une chambre de combustion alimentée au gaz, avant de réduire les os dans une broyeuse.
De plus en plus de personnes souhaitent accorder leur « mode de mort » à leur « mode de vie » [2]. Le premier cimetière naturel français a été créé à Niort en 2014 : pas de monument, parfois une plaque en calcaire, le corps ne doit pas avoir subi de thanatopraxie, les cercueils et les urnes doivent être biodégradables et l’entretien de la végétation se fait sans produit chimique (obligatoire en France seulement depuis 2022). Outre l’aspect écologique, le cimetière naturel a également pour vocation de retrouver une certaine familiarité avec la mort.
En 2019, une zone d’enterrement naturel en cimetière traditionnel a été créée à Ivry-sur-Seine, puis à Thiais. En 2021, des députés ont déposé des amendements en faveur de nouvelles pratiques funéraires (humusation et aquamation). En 2022, un sondage Opinion Way a révélé que 46 % des Français seraient prêts à recourir à l’humusation (également appelée « terramation » ou « compostage humain ») [3]. Et en 2025, un projet de recherche sur l’humusation est en cours dans un cimetière en Essonne…
Le cimetière écologique de Souché (© Ville de Niort)
[2] Moncoq M. (2018) – Modes de sépultures alternatifs. Mise à l’épreuve des représentations du corps mort et de l’environnement, mémoire de Master 2, Université François Rabelais – Tours, 126 p.
[3] Sondage OpinionWay « Les français et l’humification » (20